Du 4 février au 9 mars 2008, Spéléolaos 2008 sera la dixième expédition spéléologique depuis 1998 à Vang Vieng, au Laos. Dans la continuité des recherches précédentes, l'objectif est de poursuivre la prospection, l'exploration des cavités et leur topographie dans les massifs karstiques de Vang Vieng. Les possibilités de nouvelles découvertes sont très nombreuses sur l'ensemble du secteur...

Ce carnet de bord, écrit au jour le jour, relate nos découvertes à la recherche des Phuan Falang, mythiques et mystérieux habitants des grottes de Vang Vieng, que nous espérons bien voir cette année...

Spéléo Laos 2008 est soutenue par le CDS26, la Fédération Française de Spéléologie et la CREI.

dimanche 24 février 2008

Dirty White, quelques considérations sur le tourisme au Laos (et ailleurs ?)

En route pour Vientiane avec Jean-Pierre à la recherche du Ch'ti perdu, mes pensées se sont mises à vagabonder alors que nous traversions la plaine du Mékong. Sans doute l'algarade avec trois jeunes anglo-saxonnes cette nuit, qui jacassaient bruyament dans la cahmbre d'à coté à 1 heure du matin y est pour quelque chose... (jacasserie – ou jackasserie – magistralement interrompues par Eric)

Je pensais donc : mais que viennent donc ils faire ici, tous ces gens qui ne semblent pas voir ce qui les entourent, et encore moins ceux qui les entourent. Se reposer ? Faire la fête ? Se changer les idées sous d'autres cieux où ils reproduisent et recherchent leurs propres environnements quotidiens ? Friends sur DVD, hamburgers et bières à longueur de journée.

Je ne comprends pas.

Je ne veux pas dire par là que nous soyons si différents, si opposés à eux. Après tout, nous venons faire de la spéléo, ce qui est quand même notre loisir en France.

Pourtant.

J'ai le sentiment que nous essayons de voir, que nous voyons bien plus de choses quand bien même nous passons nos journées sous terre. Nous mangeons autant que possible lao, nous tentons d'apprendre le Lao, nous discutons avec tous ceux que nous rencontrons, nous nous amusons de notre état de Falang – de falang phuan. Nous ne nous contentons pas de venir et de ne rien voir, traversant la ville comme des fantômes blafards, fuyant le regard des autres, surtout s'ils sont occidentaux.

Mais peut-être me trompé-je...

Je crois quand même que nous n'avons pas ce sans-gène qui caractérise nos congénères. Nous ne promenons pas torse nu dans les rues, une bouteille de beer-lao à la main. Quand on connaît les Laos et les Lao, c'est un terrible manque de respect. Quand on s'intéresse un tant soit peu à la culture laotienne, cela ne se fait tout simplement pas.

Je sais que dire cela est à la limite d'un moralisme de mauvais aloi. Mais quand je vois la gentillesse de tous ici, l'accueil de la jeune femme qui nous a vendu deux mah-jong dans l'atmosphère étrange du Talat Sao, à Vientiane, le désir de partager d'un étudiant qui fait trois boulot pour payer ses études – il est par exemple gardien dans un des plus beaux temples de la capitale, Wat Sisakhet –, quand j'admire cette philosophie de ne jamais avoir un mot plus haut que l'autre tout en étant profondément soi, de ne jamais blesser autrui, alors, j'ai honte.

Nous avons beaucoup à apprendre ici.

Et la plupart d'entre nous n'en avons pas même conscience.

Nicolas

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